Guide de l'alimentation durable

Notre alimentation est à l’origine d’un quart de nos émissions de gaz à effet de serre. Ça signifie donc que nos habitudes alimentaires peuvent avoir un réel impact sur l’environnement, et c’est pourquoi il est important de comprendre où cet impact se situe. En complément de l’arbre décisionnel, voici une brève explication sur l’alimentation durable et sur les impacts environnementaux de notre alimentation. 

 

Il n’existe pas de réponses parfaites dans le domaine de l’alimentation durable, notamment parce que les conséquences de certaines habitudes alimentaires touchent à de nombreuses problématiques : l’environnement, les droits humains, le bien-être animal, la santé... Il n’existe pas de solution unique qui satisfasse l’ensemble des 17 Objectifs du Développement Durable (ODD) qui sont, pour certains d’entre eux, directement liés à l’alimentation. Il s’agit des ODD 3 (bonne santé et bien-être), 11 (villes et communautés durables), 12 (consommation responsable), 13 (lutte contre le changement climatique), 14 (protection de la faune et de la flore aquatiques), 15 (protection de la faune et de la flore terrestres). Répondre à l’ensemble de ces ODD est complexe, d’autant plus qu’il est souvent difficile de définir avec précision les conséquences de chaque action : par exemple, la consommation d’un fruit local et de saison comme une pomme à la place d’un fruit importé favorise l’économie locale et est bénéfique pour l’environnement (diminution de la déforestation) et pour le climat (diminution des émissions de GES (gaz à effet de serre)) mais son impact sur la santé peut être différent d’un autre fruit. Lorsque l’on parle d’alimentation durable, on vise donc à respecter un maximum les ODD, mais surtout, à éviter les comportements qui n’ont que des impacts négatifs sur l’environnement et la santé et que l’on peut supprimer par des gestes simples.

 

L’arbre décisionnel du Green Office est basé sur les émissions de CO2 équivalent (on désigne par CO₂ équivalent l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre ramenées à la norme du CO₂ par facilité) et vise à montrer les points d’attention qui permettent de réduire ces émissions dans notre alimentation. Il se centre alors principalement sur l’ODD 13 et n’est pas exhaustif quant à la totalité des problématiques du développement durable.  L’arbre décisionnel a pour but de présenter les actions que le consommateur peut mettre en place à son échelle. Celui-ci dépend des habitudes occidentales : un pays comme l’Inde aura un impact moindre dans la branche de la viande puisque la majorité de la population est végétarienne. De même, le gaspillage alimentaire est quasiment inexistant dans les pays en développement. Nous présentons ici quelques chiffres et explications qui permettent de resituer l’arbre décisionnel dans son contexte et informer sur l’alimentation durable.

 

La production de notre alimentation représente 50 % de l’utilisation de la surface habitable sur Terre alors que les forêts n’en représentent que 37 % et les prairies et arbustes 11 %. Cette surface de production alimentaire est constamment en croissance, au détriment de la biodiversité. Par exemple, l’élevage des bovins, qui occupe quatre fois plus de place aujourd’hui qu’en 1985, est responsable de 65 % de la déforestation amazonienne. La réduction de la consommation de viande est alors le changement d’habitude alimentaire le plus impactant : la consommation de viande est en effet responsable de 45 % des émissions liées à l’alimentation. Un repas à base de bœuf rejette en CO2 l’équivalent de 33 km en voiture, ce qui équivaut à l’impact carbone de 14 repas végétariens. C’est pourquoi il vaut mieux réduire notre consommation de viande et alterner entre les viandes rouges (extrêmement polluantes) et blanches (ayant un impact carbone nettement moins élevé), poissons, œufs, fromages et protéines végétales (soja, pois chiches, lentilles). Il est également important de consommer sa viande et les alternatives à la viande localement lorsque c’est possible : ⅓ de la viande blanche est importée, ce qui représente 15% des GES totales émises par la viande. Comme nous consommons deux fois plus de produits laitiers, ces émissions liées au transport sont 1,5 supérieure à celle de la viande. 

L’alimentation locale permet de réduire partiellement les émissions de CO2. C’est particulièrement le cas pour les fruits, car ils sont beaucoup moins polluants que la viande à la production, mais sont responsables d’1/6ème des émissions de GES liés au transport alimentaire. Les fruits polluent plus lors de leur transport que dans les autres étapes entre la production et la consommation. Il est d’autant plus impactant de consommer local lorsque les aliments consommés (comme les haricots, les pommes, les tomates) peuvent être produits en Belgique afin de limiter les transports inutiles. Si le local est important, la consommation en saison l’est davantage : à titre d’exemple, consommer une tomate locale en hiver (en serre) multiplie par 15 les émissions de CO2 de la production de cette même tomate en pleine saison (hors serre). Il vaut donc mieux privilégier l’alimentation de saison en adaptant son assiette aux aliments produits dans notre région à la saison actuelle. Consommer local et de saison nos aliments permet ainsi de réduire de 15% nos émissions de GES. 

 

L’un des axes qui diminue relativement peu l’impact CO2 de notre alimentation, mais qui permet de diminuer notre impact sur l’environnement est l’alimentation biologique. En effet, un mode de production sans engrais chimiques ni pesticides permet de réduire la pollution environnementale et de limiter la disparition de la faune et la flore environnantes. À titre d’exemple, les pesticides ont tué 30 % des colonies d'abeilles en France en 2017 et 2018. Les populations d’insectes sont actuellement en train de disparaître alors que la pollinisation des cultures dépend de ces insectes. On estime que les fleurs sauvages dépendent à 90 % de la pollinisation et les cultures alimentaires à 75%. Notre alimentation dépend donc en grande partie des abeilles et autres pollinisateurs que l’agriculture non biologique tue.

 

Tu peux retrouver les chiffres de réduction de l’empreinte carbone organisés en cinq axes dans l’arbre décisionnel du Green Office.

 

 

Sources :

BARBIER C. et al. “L’empreinte énergétique et carbone de l’alimentation en France - de la production à la consommation” (2019) IDDRI 'Institut du développement durable et des relations internationales)

Ecoconso.be “L’alimentation durable” (2015)  

Ecoconso “Action climat : manger bio, local et de saison” (2019)

Ecoconso “Comment manger durable et choisir entre bio, local, équitable ?” (2020) 

FAO (Food and agriculture organization of the United Nations)

Impactco2.fr “repas avec du bœuf"

Nations Unies “Objectifs du développement durable” 

PORCELIJN B. “Notre empreinte carbone cachée” (2018) ed. Seuil. 

OurWorldInData “Environmental Impacts of Food Production” (2020, revu en 2021)